Je vis dans une région où souffle l’esprit de l’impressionnisme. Giverny est tout proche, Eragny-sur-Epte guère plus loin. Cette proximité n’a pu qu’encourager le photographe professionnel que j’étais il y a quelques années à changer d’activité.
Degas est sans doute l’artiste qui m’inspirait le plus à mes débuts. Il ne s’est pas privé de rechercher de nouveaux moyens d’expression, d’expérimenter et de mêler médiums et techniques. Et puis successivement Cézanne, Manguin, Lebasque, Van Dongen, Rothko, De Staël ; de la peinture impressionniste au fauvisme, du fauvisme à l’abstraction lyrique… J’ai zoomé au fil des ans à l’intérieur des œuvres, trouvant toujours plus d’intérêt et de puissance visuelle dans le très petit détail que dans l’œuvre complète. Ce très petit détail ne raconte pas d’histoire, il n’existe que par des taches de couleur, liées les unes aux autres. Leur cohérence, leurs tensions ou leurs rapports délivrent de l’énergie pure.
Ces carrés peints sont le terrain de jeu d’une créativité plus instinctive, où je prends plaisir à construire avec patience un dialogue complexe entre formes, textures, matières, couleurs. J’ai besoin de temps pour peindre. Je me concentre sur ma toile, je la délaisse et la revisite quelques jours plus tard. Je reprends mes couleurs, je détaille les teintes et les formes, j’efface, je gratte, je raye. Je commence à entrevoir mon tableau final. Une nouvelle pause est nécessaire, j’ai besoin de cela. Je scrute, je regarde et je reviens travailler les détails…